Depuis plus d’une décennie, on constate en Haïti que les écoles cessent d’être le phare éclairant les méandres sinueuses que doivent parcourir nos petits écoliers jusqu’à cette longue marche vers la guérison de leurs âmes. Au lieu d’être des boussoles, les écoles constituent à l’heure qu’il est, les outils d’oppression, certainement, il est de sérieuses rivalités entre professeurs et élèves pour leurs positions idéologiques. Ma conscience a été une fois de plus interpellée après avoir donné une conférence de concert avec mon collègue James OSNÉ au Collège Frantz Pallière, où l’on a pu constater un certain laxisme et désintéressement chez nombre de ces écoliers. On ne les calomnie pas, encore moins les juger, mais on a pu constater qu’ils ont subi l’influence négative de certains professeurs qui les ont inculqué sans nul doute la résignation, le silence absolu envers tout ce qui a rapport à la politique. Bref un silence déraisonné envers tout ce qui les concerne. Nous avons insisté sur l’implication des jeunes dans le processus de développement du pays, leur montrer le rôle qu’ils ont à jouer en tant que jeunes aspirant à devenir dirigeants, bref, à succéder les grands. On a pu vite constater qu’ils ne se sentaient pas concernés, et qu’ils n’ont rien à faire sinon que vivre tranquillement pour ne pas se créer des ennuis en dénonçant les abjections la plus totale du système. Étant donné que notre travail était de les sensibiliser, à non seulement remplir leur devoir civique à chaque fois l’occasion se présente mais aussi à s’impliquer grandement en vue de changer les donnes, nous avions fait le maximum d’efforts possible pour les faire comprendre que le pays n’a besoin que des jeunes dynamiques comme eux afin de pouvoir sortir du fond de ce marasme généralisé auquel il s’est trouvé. Le travail n’a pas été facile mais fructueux puisqu’un brave écolier du nom de Kevin Oreste, nous avait surpris en nous affirmant, qu’il se sent las des beaux discours qu’il entend à longueur de journées, mais il se méprenait véritablement de l’objectif qu’on s’est fixé, qui est loin de les faire gober de belles promesses, mais plutôt de les montrer qu’ils ignorent le pouvoir qu’ils possèdent en s’organisant pour manifester leur mécontentement à chaque fois que l’un de leurs droits inaliénables est violé. Ils ont fini par comprendre que tout comme nous autres les bénévoles qui sont venus jusqu’à eux pour donner la conférence ils sont des frustrés et mécontents du système. Donc, ils doivent se joindre à nous pour une bonne cause, afin de créer un espace où les générations à venir peuvent vivre en paix et en amour dans leur pays, sans penser que l’avenir est plus sûr ailleurs que dans le leur. Je leur ai partagé cette phrase « tout seul on va plus vite mais ensemble on va plus loin », il n’est plus question d’aller plus vite tout seul sans pouvoir atteindre l’objectif fixé, mais il est crucial d’aller ensemble afin de non seulement arriver à destination, mais surtout être prêt à aller le plus loin possible. L’heure est maintenant venue pour que les écoles définissent leurs vraies priorités, elles doivent cesser d’être un lieu d’amplificateur de frustrations mais plutôt un endroit de guérison des esprits meurtris et contrits de mauvais souvenirs. Si les directeurs d’écoles ainsi que les professeurs ont peur de s’exprimer, d’émettre leurs points vue sur l’organisation et la gestion du pays, s’ils conseillent aux jeunes d’éviter le chemin menant vers la politique, de se taire malgré tout, nous aurons un pays livré à lui-même et où faire un enfant sera un crime contre l’humanité. Je leur ai clairement affirmé à l’instar de Thucydide un pionnier des relations internationales que « ceux qui ne se mêlent pas de la politique ne sont pas des citoyens paisibles mais inutiles » par conséquent, leur implication et leur participation dans la gestion du pays constituent non seulement un droit mais aussi un devoir.
Honneur et mérite au directeur du college Frantz Pallière qui nous a accpeté à bras ouverts et qui a aussi encouragé ce projet relatif à la sensibilisation des jeunes haïtiens avenir du pays.
À suivre…