Nombre d’historiens et écrivains rapportent
que du temps de la colonie seuls les maitres savaient manger de la soupe au giraumon, les esclaves n’y
avaient même pas accès malgré qu’ils aient été les seuls à les semer et à en
prendre soin. Nul besoin de dire combien prestigieux fut cette question de
consommée de la soupe. Cette plante que les européens aimaient bien est
originaire de l’Amérique tropicale, il est cultivé aussi de manière spontanée
dans les régions tropicales et subtropicales. L'espèce se développe bien dans
les zones humides de la Caraïbe et se multiplie par graines et bouture de
tiges. Il fleurit en mai-juin et fructifie toute l'année surtout pendant la
saison sèche. La récolte des fruits intervient deux mois après les premières
fleurs. Le terme giraumon est attesté depuis 1614, et désignait une sorte de
courge cultivée dans les îles des Antilles par les amérindiens.
En Ayiti, on utilise le giraumon pour faire la
fameuse soupe de l'indépendance, soit le 1er janvier, date de l’anniversaire de
l'indépendance d'Ayiti. Il faut noter que la consommation de la soupe au
Giraumon a une valeur historique et politique, car les aïeux après l’indépendance
ordonnaient à tous de consommer cette soupe, afin de prouver au reste du monde,
plus particulièrement à la France, que nous sommes devenus un peuple libre et
indépendant, et que dorénavant nous pouvons et nous voulons nous diriger nous-mêmes,
d’où notre autodétermination.
Depuis ce passé mémorial jusqu’á date, la
soupe au giraumon rentre dans notre tradition, aucune famille en Ayiti ne
pourrait ne pas manger cette soupe ce jour encore glorieux. D’ailleurs, au
cours de cette journée, il a y toujours une sorte d’échange et de partage entre
les voisins, donc, si une famille n’avait
pas eu la possibilité de s’en préparer, elle en trouvera par la largesse
de son ou de ses voisins.
Ce grand jour qu’est le 1er janvier, depuis lors devient
une journée de retrouvailles, de partage, de convivialité et de réconciliation
au sein de cette grande communauté Ayitienne. Ce nouvel an par la dégustation
de la soupe apporte toujours de l’espoir à un peuple qui en a soif. Des gens de
la diaspora de partout, en majeur partie savent rentrer dans le pays pour
passer ce moment merveilleux en famille en vue pour commémorer une fois de plus
non seulement leur indépendance mais aussi honorer la mémoire infinie de tous les braves
qui nous racheté du joug de l’esclavage. Ceux qui ne peuvent pas rentrer en
Ayiti préparent leur soupe à l’étranger, car la consommation de la soupe
concerne tout ce qui a rapport à l’âme
ayitienne, et donne un sentiment d’appartenance et reflète dans une
certaine mesure notre identité. À mes compatriotes ayitiens qui sont un peu
partout à travers le monde, soyez fiers de vous et ne cessez jamais de
pratiquer et de respecter le peu de traditions qui nous sont encore restées,
car d’elles découlent notre identité.
Voici une recette que je crois être assez exhaustive
pour tous ceux et toutes celles qui voudraient se préparer de la soupe au giraumon.
Temps de préparation : 20 minutes
Temps de cuisson : 35 minutes
Portions : 4 à 6
Ingrédients
• 1 courge giraumon d’environ 1,3 kg (3 lb)
• 454 g (1 lb) de bœuf de haut de surlonge
coupé en dés
• 15 ml (1 c. à soupe) de jus de citron
• 30 ml (2 c. à soupe) d’huile d’olive
• 2 carottes, pelées et coupées en cubes
• 2 branches de céleri, coupées en dés
• 1 blanc de poireau, émincé
• 3 oignons verts, émincés
• 2 gousses d’ail, hachées
• 1,25 litre (5 tasses) de bouillon de poulet
• 2 pommes de terre, pelées et coupées en gros
cubes
• 1 patate douce, pelée et coupée en gros
cubes
• 45 ml (3 c. à soupe) de persil plat ciselé
• Jus de citron au goût
• Sel d’oignon et d’ail
• Poivre
Préparation
1.
Placer la grille au centre du
four. Préchauffer le four à 180 °C (350 °F).
2.
Déposer la courge sur une plaque
ou dans un plat de cuisson. Cuire au four jusqu’à ce qu’un couteau y pénètre
facilement, soit environ 1 h 20.
3.
Couper la courge en deux et la
vider de ses graines. Retirer la chair à l’aide d’une cuillère et écraser
grossièrement à la fourchette. (Elle peut aussi être passée au robot.)
4.
Dans un bol, mélanger la viande
avec le jus de citron pour nettoyer la viande (tradition). Dans un tamis,
rincer la viande sous l’eau tiède. Éponger sur du papier absorbant.
5.
Dans une casserole à feu vif,
dorer la viande dans l’huile. Saler et poivrer. Ajouter l’ail (écraser l’ail en
purée avec l’épice du chef au mortier préalablement) puis, ajouter les
carottes, le céleri, le poireau et les oignons.
Faire revenir de 3 à 4 minutes.
Ajouter le bouillon, la purée de courge, les
pommes de terre et la patate douce. Porter à ébullition. Couvrir et laisser
mijoter doucement de 30 à 35 minutes ou jusqu’à ce que la viande soit tendre.
Ajouter le persil et du jus de citron au goût.
Rectifier l’assaisonnement.
Note
Épices Boya aboda : sel assaisonné
Épices du chef : mélange de persil séché,
piment séché, graines de sésame, sel d’oignon ou d’ail (ressemble à épices à
salade)
Le temps de cuisson à l’autocuiseur est
d’environ 25 minutes une fois sous pression. Cette soupe se congèle très bien.



12:18
la culture haïtienne à découvert



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